Voila donc un dilemme qui se transforme parfois en querelles de clochers.
J’ai souvent été confronté à cette question et sur le site de l’APPER, l’association où j’interviens en tant que modérateur, cela fait à chaque fois débat.
A chacun ses arguments, qui je dois bien le dire, sont souvent plus ou moins valables, mais surtout chacun veut défendre son point de vue et .. je ne suis généralement pas en reste ;-)
Alors à force et en prenant le soin d’écouter chacun des deux camps, je vais ici essayer de faire le point et de vous expliquer pourquoi ce n’est pas simple, et qu’en fait tout le monde a raison !
Pourquoi tout le monde a raison ?
Parce qu’il ne peut pas y avoir une réponse affirmative et un choix définitif, car cela dépend au final du choix personnel de chacun !
Avec ça me direz vous, nous ne sommes pas très avancés !
C’est vrai, nous ne sommes pas très avancés car pour répondre et faire son choix je pense qu’il faut prendre le temps de faire un joli tableau dans lequel chacun mettra des croix, ce qui lui permettra d’affiner ses besoins et contraintes, et au final de choisir son système !
1- La limite du solaire thermique :
par définition, cette technique ne peut produire que de la chaleur, donc on ne peut « comparer » les deux technologies que si on se limite à l’utilisation de chaleur : eau chaude sanitaire ou chauffage.
Vous me direz cela fait donc du photovoltaïque une solution plus polyvalente puisqu’on peut se servir de l’électricité pour bien d’autres applications. C’est exact, donc oui le photovoltaïque est moins limité en utilisation.
2- La facilité d’installation :
Restons objectif, si on installe quelques panneaux photovoltaïques en auto-consommation, là aussi pas de doutes, c’est plus simple qu’une installation thermique, même si aujourd’hui une installation thermique ne nécessite pas de connaissances particulières en plomberie, pas de soudures par exemple.
Mais il reste vrai que de « tirer » du câble est toujours plus simple que de « tirer » des tuyaux.
3- Sécurité d’installation :
bon comme je le dis à chaque fois, je préfère faire de la plomberie que de l’électricité, au pire on finit mouillé !
Dans le cas de l’électricité, même si les systèmes sont les plus sécurisés possible, attention, ça reste tout de même quelque chose de possiblement dangereux. Donc surtout ne rien faire sans comprendre et surtout à la moindre hésitation : ne pas faire !
Et dans tous les cas prendre un maximum de précautions, la première étant de ne jamais toucher au réseau sans avoir préalablement tout disjoncté.
4- Performance :
Aïe ! on va commencer à toucher les arguments qui peuvent vite partir en cacahouètes :-)
Pour faire simple et précis et sans discussions possibles : pour la même surface d’exposition au soleil, un capteur thermique récupère plus de puissance, en gros de 2 à 3 fois plus. Mais il suffit de mettre plus de surface de photovoltaïque pour obtenir le « même » résultat (lire le reste pour voir l’incidence de mettre plus de panneaux)
Avec très peu de soleil un capteur thermique aura bien du mal à monter en température (sauf le cas de tube mais que je déconseille) , alors que le photovoltaïque pourra tout de même « fonctionner ». Attention tout de même à bien relativiser. Dans les deux cas on parle de systèmes solaires et si vous avez des panneaux photovoltaïques on peut dire que la puissance récupérée par un panneau quand il y a très peu de soleil est quasiment négligeable, de l’ordre de l’inutilisable, quelque Watts au m² et quand je dis quelque Watts c’est genre 5W donc bon, soyons honnête, quand il n’y a pas de soleil … les systèmes solaires ne fonctionnent pas.
5- Financièrement :
Actuellement il y a tellement de vente de photovoltaïque que les prix ont énormément baissé. La recherche a aussi permis de faire baisser les coûts de production. Donc on peut dire qu’à puissance égale le photovoltaïque est moins cher, mais il faudra mettre plus de surface. Là aussi, si on compare réellement et que l’on cherche donc à faire de l’eau chaude avec un système photovoltaïque, au final les coûts sont pratiquement équivalents, avec un petit avantage au PV.
6- Ecologiquement :
bon là, il n’y a pas photo, ou alors il faut être de mauvaise foi.
Le thermique est beaucoup plus écologique à la fabrication.
Il est aussi possible d’acheter des systèmes 100% fabriqués en France donc avec peu d’impact pour le transport, ou au pire fabriqués en Europe.
Pour le photovoltaïque pratiquement la totalité des cellules sont faites en Chine.
La technologie demande une part plus importante d’énergie grise, plus d’utilisation d’eau et plus de pollution de l’air et de l’eau.
Beaucoup de panneaux, les moins chers, viennent de Chine. On peut toutefois acheter des panneaux assemblés en France ou dans un autre pays d’Europe si on veut minimiser les impacts écologiques.
7- Socialement :
Là aussi pas de match, les cellules photovoltaïques étant fabriquées pratiquement totalement en Chine, on ne peut pas espérer que les travailleurs soient correctement rémunérés ni correctement employés. Cela explique aussi le coût final.
Pour le thermique évidemment, si vous optez pour des panneaux faits en France, on est sur une autre dimension sociale !
8- Recyclage :
Bon alors c’est durable, « vert » et recyclable tout ça ?
Dans le cas du thermique, on parle de matériaux simples : acier, cuivre, verre trempé et isolant plus ou moins bon (laine de roche le plus souvent). Un démontage facile et un recyclage simple.
Pour le photovoltaïque, c’est plus compliqué.
On sait recycler pratiquement à 100% un panneau mais avec un coût énergétique élevé… pour le moment on ne le fait pas réellement, le coût financier est trop élevé et le coût du silicium est tellement bas que ça n’intéresse pas grand monde de recycler. Beaucoup de panneaux sont en partie démontés : l’aluminium, les câbles, le plastique mais souvent le duo verre+ cellule est broyé et par exemple utilisé dans les routes. Bon, c’est mieux que rien….
Le verre est lui-même assez difficile à recycler, car pour avoir une bonne performance de l’antimoine est utilisé et c’est un poison pas simple à récupérer. Bref oui, c’est possiblement recyclable, mais pas totalement génial pour le moment.
9- Administrativement :
Pas photo non plus.
Du côté du thermique, vous aurez au maximum une déclaration de travaux à faire et dans le cas d’une installation au sol (hors zone des bâtiments de France) vous n’avez même pas à faire cette déclaration.
Pour le photovoltaïque c’est plus « compliqué ».
Vous avez comme précédemment une déclaration de travaux à faire, sauf si c’est au sol.
Mais en plus vous devez déclarer votre installation à ENEDIS et choisir le type de contrats : vente totale, vente partielle, auto consommation totale.
Dans certains cas cela entraîne le passage du Consuel.
Bref, il faut être un peu informé pour bien penser à tout.
10- Réparabilité :
Les systèmes photovoltaïques sont pratiquement impossibles à réparer on est davantage dans des solutions « jetables ». Il n’est pas possible de réparer un panneau, difficile ou impossible de réparer un onduleur, je ne parle même pas des batteries.
Côté thermique, pratiquement tout est réparable et faisable soi-même.
C’est un système plus low-tech donc plus simple à rendre autonome côté maintenance.
11- Fiabilité :
On a moins de retour d’expérience pour le photovoltaïque, on verra dans 30 ans si les panneaux et les onduleurs auront tenu les promesses de garantie.
Par contre on peut dire qu’un panneau photovoltaïque est rarement en panne, un onduleur un peu plus mais cela reste assez fiable mais .. pas réparable.
Côté thermique, le système est plus soumis à des problèmes de type plomberie, c’est à dire des fuites.
Le plus souvent c’est très simple à réparer. Il y a plus d’éléments donc objectivement ça peut tomber en panne plus souvent. Mais objectivement aussi tout est réparable et une installation est partie pour durer plus de 40 ans sans problème, on a un assez bon retour là-dessus. Il faut surtout que l’installation sauf bien faite et correctement dimensionnée.
12- Surplus d’énergie :
Il n’y a pas photo, le photovoltaïque, s’il y a du surplus, peut être utilisé sur le réseau pour vos voisins, sauf à installer des systèmes qui empêchent cela (quel intérêt ?).
Côté thermique, le surplus peut poser un problème de surchauffe, il faut donc bien penser les installations et tout ira bien. Mais pas de surplus pour les autres.
13- Retour sur investissement :
Bon, là c’est difficile à dire, cela dépend de beaucoup de facteurs, mais si on considère que vous faites vous-même l’installation et qu’elle est correctement dimensionnée des deux côtés vous pouvez avoir un retour sur moins de 10 ans.
14- Autonomie :
Le mot est souvent employé de façon erronée à notre sens. Pour nous c’est la recherche d’une autonomie de maintenance qui est primordiale. Dans ce cas le thermique est bien une solution d’autonomie.
De plus, attention, toutes les installations photovoltaïques doivent obligatoirement se couper s’il n’y a plus d’électricité sur le réseau (norme VDE 01) et même avec des batteries, sauf bien évidemment dans le cas des sites isolés.
Cela veut dire que s’il y a une coupure électrique le fait d’avoir des panneaux photovoltaïques ne vous aidera pas.
En thermique, si on utilise une pompe, c’est le même constat.
Cependant vous pouvez faire une installation thermique en thermosiphon pour produire de l’eau chaude et dans ce cas, même sans électricité cela fonctionne, il n’y a pas de pompe, donc pas de régulation …..
Conclusion :
Voilà, je pense que j’ai fait le tour et que je suis resté le plus objectif possible.
Donc à vous maintenant de choisir en fonction de vos convictions, de vos besoins et de votre niveau en bricolage ;-)
Il existe aussi à nos yeux une solution intéressante, c’est de choisir les deux technologies.
Elles peuvent être complémentaires si le projet est bien pensé.
Et c’est bien le sens des Ateliers que nous proposons sur ces sujets.